"J'aime la nuit où tout peut recommencer, c'est l'heure où les ombres et les corps perdent leur lumière et s'épurent de leurs forces primaires, où s'éveillent les fantômes décharnés libérés du poids de la matière animale, des apparitions possibles ou de nobles présences. Les simples en ont peur mais les initiés en ont fait leur compagne. La nuit est sacrée, le noir est sacré, l'obscurité est sacrée. Les plus belles pensées de poètes naissent dans l'obscurité, les vrais écrivent dans les plus profondes nuits. Le noir c'est des merveilles, c'est diamanté, c'est de toute beauté... Le noir c'est le berceau de la vie. Tout vient de l'obscurité : le ventre de la femme, le temps et la maturité. Et c'est cette maturité qui rejoint précisément le sacré. Et tout meurt dans le blanc. Le blanchiment du temps, c'est la souffrance. Le blanc appauvrit le désir, c'est la mort."

 CHOMO 

   (Les Bâtisseurs de l'imaginaire, Claude & Clovis Prévost, Ed. de l'Est, 1990, cité dans "Gazogène" n° 20, hiver 1999-2000).                           

Envoi de Laurent DANCHIN...